(Organisation mondiale du Tourisme)
années de pouvoir continu, le système poutinien montre-t-il ses limites et ses faiblesses ? On peut mentionner plusieurs faits : d’abord, la crise de la covid 19 a contribué à bousculer les plans du Kremlin; l’échec retentissant du vaccin russe Spoutnik-V, le premier à avoir été mis au point et qui faisait l’objet d’une certaine fierté pour le pouvoir russe dans ce secteur de pointe, mais demeuré non validé par l’Union européenne, a sans doute été un camouflet. D’autant que la population russe elle-même a rechigné à se faire vacciner, traduisant une certaine défiance.
La candidature annoncée de l’Ukraine à l’UE et l’OTAN était une échéance. La réussite de la transition démocratique de l’Ukraine pouvait paraitre inadmissible pour le régime autoritaire de Poutine.
On peut ici émettre plusieurs hypothèses : ayant échoué à ramener l’Ukraine dans le giron russe au bout de plus de quinze ans, Poutine a-t-il voulu prendre les devants en usant de la force ? Pratiquer la politique du fait accompli face à des Occidentaux jugés faibles politiquement et « décadents » socialement, et s’imposer ainsi en chef d’un pouvoir fort, champion de tous les conservatismes sociaux et culturels ? La peur de voir la démocratie triompher a-t-elle justifié une forme de fuite en avant ?
Vladimir Poutine a été décrit comme coupé du monde, informé seulement par des proches qui n’osent plus dire la vérité, plongé dans des lectures par lesquelles il s’est peu à peu auto-convaincu qu’un génocide se jouait dans les territoires russophones et qu’il avait pour mission d’intervenir.
L’unilatéralisme américain des années Bush et Trump a sans doute aussi témoigné d’une forme d’impunité en matière de droit international, assurée à la fois par la puissance de feu, mais aussi par le veto que donne au pays le statut de membre du Conseil de sécurité de l'ONU.
Vladimir Poutine avait qualifié l’éclatement de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique pour la Russie », qui lui avait fait perdre non seulement ses pays-satellites (ex-Républiques soviétiques) mais aussi son statut de grande puissance internationale. Il a par la suite cherché à recréer une centralité russe en ramenant plusieurs ex-républiques soviétiques, dont la Biélorussie et le Kazakhstan, dans son projet d’Union économique eurasiatique (UEEA - 2014) où la Russie exerce un poids déterminant. Il a cherché à s’appuyer sur les « compatriotes » russes ou russophones pour influencer ou déstabiliser les États de son voisinage (Lettonie et Estonie). Il joue à la fois sur la fibre nationaliste et religieuse à travers un discours vantant la Grande Russie dans une forme de continuité avec l’empire tsariste et l’URSS.
L’Ukraine a déjà gagné la bataille de l’information : elle bénéficie d’un soutien de l’opinion publique, notamment en Europe, même si en Russie le verrouillage de l’information par le pouvoir autoritaire empêche encore la population de protester, sauf à prendre des risques élevés, contre l’invasion d’un peuple si proche culturellement.