>> La Russie des années 2000 peut-elle prétendre au rang de grande puissance mondiale ?

Consigne :
1) Ouvrez l'onglet correspondant à votre groupe et découvrez l'ensemble des documents,

2) Classez ces documents selon les 4 piliers d'une puissance définis ensemble. Pour cela, analyser rapidement les documents afin d'en cerner le sujet majeur.

3) Selon l'aspect de la puissance à évaluer, analysez plus finement les documents afin de faire émerger un atout et/ou une limite de la puissance russe.

4) Notez proprement vos arguments sur les fiches A3 successivement posées sur votre îlot de travail.
[soit un à deux arguments appuyés d'exemples par pilier de la puissance]


Doc. A - Les pays avec le plus de sites inscrits à l'UNESCO
 
Doc. B - Tourisme international : les
pays les plus populaires
En 2020, 2,40 milliards de touristes internationaux se sont rendus dans d'autres pays. La France a accueilli 117,11 millions de visiteurs étrangers, ce qui a généré 31,48 milliards d'euros de recettes et lui a valu la 1er place mondiale.
La pandémie de Covid19 en 2020 et 2021 a considérablement affecté le secteur, qui connaissait une croissance ininterrompue depuis des décennies.
@ Chiffres du tourisme international en 2020, données de OMT

(Organisation mondiale du Tourisme)

 
Doc. D - La Russie : palme d'or des inégalités extrêmes
Selon le rapport de Credit Suisse,
1 % de la population russe concentre 74,5 % des richesses nationales – et 10 % détiennent 89 % des biens. Ces chiffres sont considérablement plus élevés que dans n’importe quelle autre puissance étudiée (38 au total), loin devant les Etats-Unis ou la Chine. « Nulle part ailleurs la richesse n’est à ce point inégalement répartie, et cela a des implications dangereuses pour l’avenir politique de la Russie », relevait, le 3 janvier, le journaliste économique Boris Grozovski dans The Moscow Times.
Si le début des années 2000 a été particulièrement bénéfique pour les ménages russes, dont la richesse moyenne a augmenté de huit fois entre 2000 et 2007, la croissance s’est peu à peu enrayée. La classe moyenne a été particulièrement touchée. Conséquence : l’indice Gini, une mesure statistique mise au point par l’Italien Corrado Gini servant à mesurer l’inégalité des revenus par pays, est le plus élevé, avec 92,3 %. La répartition est en effet sidérante : 93,6 % de la population possède un revenu annuel inférieur à 10 000 dollars (9 400 euros), 5,7 % perçoivent entre 10 000 et 100 000 dollars, 0,6 % plus de 100 000 dollars et 0,1 % plus de 1 million.
Bien que la richesse globale de la Russie rivalise avec celle de la Norvège, de Hongkong, de Singapour ou de la Turquie, l’écart se creuse nettement quand elle est rapportée à sa population, plus nombreuse. [...] Le nombre de pauvres ne cesse d'augmenter.

@ Le Monde
 
Doc. E - La Russie et Poutine isolés ?
Est-on en train d’assister à une dramatique fin de règne ? Après plus de vingt

années de pouvoir continu, le système poutinien montre-t-il ses limites et ses faiblesses ? On peut mentionner plusieurs faits : d’abord, la crise de la covid 19 a contribué à bousculer les plans du Kremlin; l’échec retentissant du vaccin russe Spoutnik-V, le premier à avoir été mis au point et qui faisait l’objet d’une certaine fierté pour le pouvoir russe dans ce secteur de pointe, mais demeuré non validé par l’Union européenne, a sans doute été un camouflet. D’autant que la population russe elle-même a rechigné à se faire vacciner, traduisant une certaine défiance.

La candidature annoncée de l’Ukraine à l’UE et l’OTAN était une échéance. La réussite de la transition démocratique de l’Ukraine pouvait paraitre inadmissible pour le régime autoritaire de Poutine.

On peut ici émettre plusieurs hypothèses : ayant échoué à ramener l’Ukraine dans le giron russe au bout de plus de quinze ans, Poutine a-t-il voulu prendre les devants en usant de la force ? Pratiquer la politique du fait accompli face à des Occidentaux jugés faibles politiquement et « décadents » socialement, et s’imposer ainsi en chef d’un pouvoir fort, champion de tous les conservatismes sociaux et culturels ? La peur de voir la démocratie triompher a-t-elle justifié une forme de fuite en avant ?

Vladimir Poutine a été décrit comme coupé du monde, informé seulement par des proches qui n’osent plus dire la vérité, plongé dans des lectures par lesquelles il s’est peu à peu auto-convaincu qu’un génocide se jouait dans les territoires russophones et qu’il avait pour mission d’intervenir.

L’unilatéralisme américain des années Bush et Trump a sans doute aussi témoigné d’une forme d’impunité en matière de droit international, assurée à la fois par la puissance de feu, mais aussi par le veto que donne au pays le statut de membre du Conseil de sécurité de l'ONU.

Conclusion

Vladimir Poutine avait qualifié l’éclatement de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique pour la Russie », qui lui avait fait perdre non seulement ses pays-satellites (ex-Républiques soviétiques) mais aussi son statut de grande puissance internationale. Il a par la suite cherché à recréer une centralité russe en ramenant plusieurs ex-républiques soviétiques, dont la Biélorussie et le Kazakhstan, dans son projet d’Union économique eurasiatique (UEEA - 2014) où la Russie exerce un poids déterminant. Il a cherché à s’appuyer sur les « compatriotes » russes ou russophones pour influencer ou déstabiliser les États de son voisinage (Lettonie et Estonie). Il joue à la fois sur la fibre nationaliste et religieuse à travers un discours vantant la Grande Russie dans une forme de continuité avec l’empire tsariste et l’URSS.

L’Ukraine a déjà gagné la bataille de l’information : elle bénéficie d’un soutien de l’opinion publique, notamment en Europe, même si en Russie le verrouillage de l’information par le pouvoir autoritaire empêche encore la population de protester, sauf à prendre des risques élevés, contre l’invasion d’un peuple si proche culturellement.
La communauté internationale a majoritairement pris position en sa faveur. Lors du vote d’une résolution à l’ONU le 2 mars 2022, quelques jours après le début du conflit, seuls cinq États se sont opposés à la condamnation de la Russie. Bien que cette résolution soit symbolique, la Russie ayant le droit de véto au conseil de sécurité, elle traduit la rupture de la Russie avec la communauté internationale, rejoignant le groupe restreint des États parias (états qui ne respectent pas les règles internationales et tombent sous le coup de sanctions)..
 
Doc. F - Guerre en
Ukraine : la menace nucléaire
Dessin de Swen (Suisse)
@ Cartooing for peace

La doctrine nucléaire
Plonger l'ennemi dans l'incertitude sur ce que sont nos intentions ou ce que sera notre riposte : l'ambiguïté stratégique est une pratique très ancienne, déjà théorisée dans l'Art de la guerre, du Chinois Sun Tzu au VIème siècle avant notre ère. [...]
Depuis que le président russe a brandi la force de dissuasion nucléaire en riposte aux sanctions économiques des pays occidentaux, l’inquiétude est montée d’un cran.
Le 4 mars dernier, des tirs russes ont provoqué l’incendie d’un bâtiment administratif de la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d’Europe, et a fait craindre le pire.

Édito publié le 10 mars 2022