>> La Russie des années 2000 peut-elle prétendre au rang de grande puissance mondiale ?

Consigne :
1) Ouvrez l'onglet correspondant à votre groupe et découvrez l'ensemble des documents,

2) Classez ces documents selon les 4 piliers d'une puissance définis ensemble. Pour cela, analyser rapidement les documents afin d'en cerner le sujet majeur.

3) Selon l'aspect de la puissance à évaluer, analysez plus finement les documents afin de faire émerger un atout et/ou une limite de la puissance russe.

4) Notez proprement vos arguments sur les fiches A3 successivement posées sur votre îlot de travail.
[soit un à deux arguments appuyés d'exemples par pilier de la puissance]


Doc. A - L'oeil de Moscou : la chaîne d'informations en continue Russia Today
« Nous avons voulu casser le monopole des médias anglo-saxons
dans le flux mondial de l’information », expliquait M. Poutine lors d’une visite dans les bureaux, en juin 2013. Pour M. Andreï Kortunov, directeur du Conseil russe pour les affaires internationales, « l’enjeu [pour RT] n’est pas tant de promouvoir les positions de la Russie que de mettre en doute l’univocité des positions occidentales, de relativiser l’interprétation occidentale des événements », comme en témoigne la devise de la chaîne, « Question more » (« Osez questionner »).
 
Doc. C - Poutine au pouvoir
"L'incontournable homme fort de la Russie » - PORTRAIT

Ancien agent du KGB et chef des renseignements intérieurs, Vladimir Poutine débute son ascension en politique en 1999 en tant que premier ministre de Boris Eltsine. Le pays est alors victime d'une vague d'attentats perpétrés par les indépendantistes tchétchènes. Le nouveau premier ministre se lance alors dans une campagne qui va fonder durablement sa popularité et son autorité auprès de l'opinion publique russe : la deuxième guerre de Tchétchénie. Pendant huit mois, la petite république séparatiste va subir de lourds bombardements. Les combats menés par l'armée russe font des dizaines de milliers de morts selon les ONG. Les gouvernements étrangers ainsi que les défenseurs des droits de l'homme condamnent la violence, mais Poutine reste sourd et maintient son opération. En février 2000, la capitale tchétchène Grozny tombe. Mais cette victoire russe n'apporte pas la paix espérée dans le Caucase ; les indépendantistes ont laissé place à la guerilla islamiste dans la région.

[…] Après être devenu président par intérim, Poutine est élu dès le premier tour avec 52,25% des voix en mars 2000. [….]

Durant toutes ses années au pouvoir, Vladimir Poutine affaiblit l'opposition et musèle les médias. Le cas le plus emblématique est celui de la chaîne privée NTV, du milliardaire Vladimir Goussinski. En mai 2000, les services de sécurité ont perquisitionné ses locaux ; en juin, son propriétaire est interpellé ; en janvier le canal est passé sous le contrôle de Gazprom, le géant russe du gaz. Toutes les chaînes de télévision finissent alors par rentrer dans le rang et n'émettent plus de critiques envers le pouvoir.

L'opposition ne peut plus se faire entendre dans les médias. Les manifestations des dissidents sont interdites, et se soldent par des interpellations. À partir de 2003, la Russie ne compte plus d'opposition réelle au Parlement. Ce qui n'empêchera pas Vladimir Poutine de déclarer en 2007 : «Bien sûr, je suis un pur et absolu démocrate (...) ».

Le 4 juin 2021, le président russe a promulgué une loi interdisant aux collaborateurs d’organisations « extrémistes » de participer aux élections. Une mesure décriée par l’opposition, qui y voit un moyen de la neutraliser avant les élections législatives de septembre.

[ …] Vladimir Poutine doit néanmoins se plier à la constitution russe, qui interdit à un président d'effectuer plus de deux mandats d'affilée. En 2008, il cède la place à Dmitri Medvedev, et prend le poste de premier ministre. Sa popularité ne se dément pas. Vladislav Sourkov, un des conseiller proche du pouvoir russe, ira jusqu'à qualifie Poutine d'homme providentiel «que Dieu et le destin ont envoyé à la Russie lorsqu'elle connaissait une période difficile». Poutine n'hésite pas non plus à se mettre en scène : au volant d'une puissante moto, dans une démonstration de judo, torse-nu à cheval dans la taïga, ou au piano lors d'un concert de charité à Saint Péterbourg.

Cette omniprésence et sa grande popularité font de Vladimir Poutine le véritable homme fort du pays. C'est donc sans surprise qu'il a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2012 pour un troisième mandat. […. Ajout ] Il a été réélu en 2012, puis en 2018, après avoir rallongé le mandat présidentiel à 6 ans.

D’après Le Figaro, article d’A. Zemlianichenko, 09/2011 et le Monde, juin 2021.
 
Doc. D - Russie - Démocratie - A. Navalny
Help Navalny, dessin d'Emanuele Del Rosso (Italie)

@Cartooning for peace

L’opposant russe Alexeï Navalny, qui a entamé une grève de la faim le 31 mars depuis sa prison de Pokrov, a été transféré dans un hôpital pénitentiaire lundi 19 avril. L’aggravation de son état de santé a sonné l’alarme le week-end dernier : tandis que ses proches craignaient un risque d’arrêt cardiaque imminent, les autorités russes jugeaient son état de santé « satisfaisant »…
Les pays occidentaux ne cessent de dénoncer la situation et de réclamer sa libération immédiate. En Russie, bravant la peur de la répression, des milliers de manifestants se mobilisent dans la rue depuis le 21 avril, pour tenter de sauver Navalny et, avec lui, ce qu’il reste de la démocratie en Russie.

Édito publié le 22 avril 2021

 
Doc. E - La Russie : pays de contrastes

 

Doc. F - « L’armée russe, une puissance militaire fantasmée à l’épreuve »

"L’invasion de l’Ukraine montre les faiblesses de l’outil militaire russe, malgré les efforts déployés par Vladimir Poutine pour convaincre de sa toute-puissance", analyse, Isabelle FACON, la spécialiste des politiques de sécurité et de défense russes dans une tribune au « Monde ».

Confrontée à une résistance inattendue, tant de l’armée que de la population ukrainiennes, et subissant une importante usure de ses ressources humaines et matérielles, l’armée russe est bien loin de l’image qu’elle a projetée au cours des dix dernières années.

Vladimir Poutine n’a pas ménagé ses efforts pour amener l’opinion internationale à valider l’idée de la toute-puissance de son outil militaire, devenu un levier récurrent de sa politique étrangère.
L’opération lancée en Syrie en 2015 lui a permis de modifier complètement la donne sur le terrain, tout en faisant la démonstration des performances de ses armements les plus récents, comme les missiles Kalibr et Kh-101.
Tout cela a fait oublier que l’armée russe, dont la réforme n’a été véritablement engagée qu’après 2008, partait de loin : dix à quinze ans de sous-financement conduisant à une attrition irréversible des capacités héritées de l’URSS.
La modernisation de l’outil militaire russe, bien réelle et accompagnée d’un vrai soutien budgétaire, n’a pu être que progressive et sélective – car si la Russie reste parmi les pays consacrant une part significative (environ 4 % par an en moyenne entre 2010 et 2020) de leur produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses de défense, la faiblesse relative de celui-ci se traduit par une contrainte financière persistante.
Certes, les nombreux exercices menés depuis le début des années 2010 ont permis d’améliorer la préparation opérationnelle de l’armée russe et de conforter sa réputation de machine militaire bien huilée. Mais l’emploi des forces en conditions réelles, dans un conflit majeur où il faut tenir beaucoup de terrain face à un adversaire mieux entraîné, mieux équipé et plus motivé qu’anticipé constitue un test de nature bien différente.

Faiblesse chronique
On a parlé avec emphase, aussi bien en Russie qu’en Occident, des moyens hypersoniques ou des nouveaux systèmes nucléaires stratégiques « exotiques » développés par l’industrie d’armement russe, deuxième exportateur d’armement mondial. Mais celle-ci, qui continue à s’appuyer beaucoup sur le legs des bureaux d’étude soviétiques, peine à s’inscrire efficacement dans la course aux technologies du futur (comme l’intelligence artificielle, par exemple). Accumulant les retards dans la mise au point de systèmes de nouvelle génération, elle rencontre en outre des difficultés à produire en grande série les armes de précision et à numériser pleinement les forces, ce qui se voit aujourd’hui en Ukraine.
L’institution militaire n’a pas non plus complètement remédié à une faiblesse chronique : la ressource humaine. Elle compte aujourd’hui deux fois plus de contractuels que d’appelés, mais, en raison de leur coût, ils sont moins nombreux que ce que souhaiterait le Kremlin. […]La conscience des limites capacitaires se traduit, aussi, par la préservation d’un rôle pour les armes nucléaires dans les scénarios d’escalade d’un conflit conventionnel.