>> La Russie des années 2000 peut-elle prétendre au rang de grande puissance mondiale ?

Consigne :
1) Ouvrez l'onglet correspondant à votre groupe et découvrez l'ensemble des documents,

2) Classez ces documents selon les 4 piliers d'une puissance définis ensemble. Pour cela, analyser rapidement les documents afin d'en cerner le sujet majeur.

3) Selon l'aspect de la puissance à évaluer, analysez plus finement les documents afin de faire émerger un atout et/ou une limite de la puissance russe.

4) Notez proprement vos arguments sur les fiches A3 successivement posées sur votre îlot de travail.
[soit un à deux arguments appuyés d'exemples par pilier de la puissance]


Doc. A - Les Russes et l'espace
Les bases spatiales sont les points d'accès terrestre à l'espace extraterrestre. Le comptage du nombre de lancements récents fait apparaître deux puissances spatiales majeures, la Chine et les États-Unis, deux puissances secondaires, la Russie et l'Union européenne, et plusieurs autres acteurs, parmi lesquels les entreprises privées jouent un rôle croissant, au côté des États.

En 2019, on a recensé 102 les lancements orbitaux dont 97 ont été des réussites. Au premier semestre 2020, malgré les restrictions de l’activité liées à la situation sanitaire, on a comptabilisé 42 lancements. La répartition des puissances à l’origine de ces projets de lancement nous éclaire sur les nouvelles positions de force mondiales en matière d’activités spatiales.

Avec 21 vols, malgré le vieillissement de la base de Baïkonour, la Russie continue à jouer un rôle majeur, en particulier dans la mise en relation entre la Terre et la station spatiale internationale (ISS). L’année 2019 a marqué la fin du pas de tir à partir duquel s’étaient élancées les fusées qui avaient mis en orbite Spoutnik (1957) et permis à Youri Gagarine d’être le premier humain dans l’espace. La base de Plessetsk tend à prendre le relais de Baïkonour dont la localisation en territoire kazakh rend la Russie dépendante des éventuelles tensions pouvant exister avec l’ancienne république soviétique d’Asie centrale.

En mai 2020, la réussite du vol habité de la société privée Space X (fondée par Elon Musk) - qui s’est élancé du pas de tir 39A (d’où décollaient les fusées du mythique programme Apollo dans les années 1960 et 70) vers la station spatiale internationale - ne fait plus de Baïkonour le seul port spatial mettant en relation la Terre avec la station orbitale. La perte de ce monopole peut représenter un coup très dur (fatal ?) à cette base russe porteuse pourtant de tout un pan de l’histoire de la conquête spatiale.

http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/articles/bases-spatiales

 

Doc. B - Les hydrocarbures : moteur de l'économie russe


Guerre en Ukraine - crise énergétique, dessin de Piet (France)

@ cartooning for peace


À la faveur de l'envolée des cours du pétrole des années 2000, les acteurs du secteur énergétique russe sont progressivement montés en puissance sur les marchés mondiaux. Désormais, Gazprom est la première entreprise gazière au monde, Lukoil la sixième entreprise pétrolière par la production, deuxième par les réserves.
De surcroît, au cours des années 2000, l'évolution du prix des hydrocarbures a fondamentalement changé la donne : entre début 1999 et fin 2007, les cours mondiaux du baril de pétrole brut ont été multipliés par près de dix en dollars courants. Pour la Russie, cela s'est traduit par une augmentation sans précédent des rentrées en devises, soit une manne providentielle pour les nouvelles autorités. Elle leur a permis de financer le retour de l'État russe comme acteur de premier plan sur la scène énergétique nationale et internationale. Cette hausse des cours s'est traduite par une ponction accrue sur le PIB de l'Union européenne et par une menace renforcée sur sa dépendance économique extérieure globale à long terme, dans la perspective de l'épuisement des gisements exploités par les pays membres en mer du Nord. […]
Le 1er janvier 2006, la Russie, via l'entreprise publique Gazprom, interrompait ses livraisons de gaz à l'Ukraine, après l'échec des discussions portant sur les tarifs gaziers et le stockage de réserves gazières dans le sous-sol ukrainien. Cette décision signifiait l'arrêt des livraisons de plus de 75% du gaz russe exporté vers l'Union européenne (UE) qui transite par le territoire ukrainien. Courant décembre 2006, la Russie annonçait qu'elle interromprait ses livraisons de gaz à la Biélorussie au 1er janvier 2007 si un accord sur les tarifs n'intervenait pas avant cette date. L'accord fut finalement signé le 31 décembre… à 23h58 ! Ce qui permit à Gazprom de doubler les prix de ses livraisons à la Biélorussie et d'acquérir 50% des parts de l'entreprise biélorusse Beltransgaz qui contrôle l'acheminement, via le territoire de la Biélorussie, de près du quart du gaz exporté par la Russie vers l'UE par le gazoduc Yamal-Europe. [...]
Ces événements ont sonné comme autant d'avertissements pour les responsables de l'UE qui ont feint de découvrir à quel point les décisions de l'imprévisible voisin russe concernant
les livraisons d'énergie pouvaient rapidement se muer en moyens de pression. De leur côté, les autorités russes ont pu vérifier qu'elles disposaient d'un moyen efficace, de faire taire
momentanément les critiques dont elles sont régulièrement l'objet de la part de l'UE à propos de leur interprétation de la démocratie et de l'économie de marché.
Julien Vercueil, publié le 20/12/2007, extrait du site Géoconfluence.
 
Doc. C - Alliances et présences militaires dans le monde
 
Doc. D - La Russie se tourne vers l'Asie : jeux d'alliances
L’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) est conçue par la Russie comme l’équivalent eurasiatique de l’Otan. Au même titre que l’UEEA - Union eurasiatique sur le plan économique - l’OTSC incarne la volonté de Moscou de se présenter comme le garant de la stabilité de l’Eurasie post-soviétique. C’est dans cette perspective que la Russie promeut l’établissement de relations directes entre l’Otan et l’OTSC, qui permettrait un partage des zones de responsabilité entre
les deux alliances militaires. […]

Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2014, Moscou met en avant l’OTSC comme une forme de contrepoids à l’OTAN, même si les autorités russes doivent tenir compte de la position de leurs alliés qui ne souhaitent pas être entraînés dans une confrontation avec les pays occidentaux et qui sont très critiques à l’égard de la politique russe envers l’Ukraine.


L’Organisation de coopération
de Shanghai (OCS) a été créée en 2001 par la Chine, la Russie et quatre pays d’Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan. Cette organisation s’est progressivement élargie à l’Inde et au Pakistan en 2016, et, depuis 2021, à l’Iran. La Mongolie, la Biélorussie et l’Afghanistan sont membres observateurs.

Le but premier de cette organisation était de stabiliser la région centrasiatique en luttant contre les mouvements djihadistes et séparatistes. L’élargissement de l’OCS à l’Inde et au Pakistan affaiblit la raison d’être principalement sécuritaire de cette organisation au profit des priorités de développement économique et commerciale. Retenons surtout que l'OCS participe à la stratégie diplomatique chinoise qui cherche à donner la priorité depuis le début des années 1990 à la mise en place de « partenariats stratégiques » avec tous les pays qui comptent et au premier chef ceux qui pourraient faire contrepoids à la puissance américaine.

 
Doc. E - La politique étrangère russe vue par Plantu (2016)
 
Doc. F - La guerre russo-ukrainienne
L’annonce par Vladimir Poutine du début des opérations en Ukraine est intervenue au moment même où le Conseil de sécurité de l’ONU se réunissait sur la question de la crise entre l’Ukraine et la Russie alors que le chef de l’Onu, Antonio Guterres, exhortait Poutine de ne pas attaquer.

Vers 4 heures, le président russe Vladimir Poutine a annoncé dans une vidéo le début de l’opération militaire « pour défendre les séparatistes dans l’est du pays ». Un peu plus tôt, le Kremlin avait annoncé que les responsables des « républiques » séparatistes prorusses autoproclamées dans l’est de l’Ukraine avaient demandé l’ « aide » de Vladimir Poutine pour « repousser l’agression » ukrainienne. « J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale » a-t-il lancé, en dénonçant une fois encore un « génocide » orchestré par l’Ukraine dans l’est du pays, arguant justement l’appel à l’aide des séparatistes et fustigeant la politique agressive de l’Otan à l’égard de la Russie. Vladimir Poutine s’est également adressé aux militaires ukrainiens leur disant : « Je vous appelle à déposer les armes », assurant qu’ils pourront alors « quitter le champ de bataille sans entrave ». Puis, il s’est adressé à ceux « qui tenteraient d’interférer avec nous (…) ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues ». « Je suis sûr que les soldats et officiers de la Russie rempliront leur devoir avec courage » a-t-il lancé en ajoutant « la sécurité de notre pays est garantie ».

@ leparisien.24-02-2022

 
Doc. G - Guerre en Ukraine : la reprise de la ville de
Kherson
En difficultés depuis octobre 2022 dans le Nord de la région ukrainienne de Kherson, où l’armée de Kiev mène une contre-offensive depuis plusieurs semaines, les forces militaires russes ont perdu le contrôle de la totalité des 4 500 kilomètres carrés qu’ils occupaient sur la rive droite du fleuve Dniepr. Ce retrait russe confirme l’aptitude du haut commandement ukrainien à réussir des offensives majeures. De leur côté, les Occidentaux ont assuré qu’ils continueraient de soutenir Kiev, notamment par des armes et munitions modernes.