L’indice de développement humain (IDH) est un indice composite proposé mesurer les conditions de vie dans les différents pays du monde, et adopté par le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à partir de 1990. L’indice a pour but de dépasser une simple mesure du développement par les richesses, qui est insuffisante si les richesses ne s'accompagnent pas d'une amélioration du système de santé ou de l'éducation.
L'Organisation des Nations Unies précise que l'IDH « est une mesure sommaire du niveau moyen atteint dans des dimensions clés du développement humain : vivre une vie longue et en bonne santé, acquérir des connaissances et jouir d’un niveau de vie décent. Cet indique conjugue trois dimensions :
Mais il y a aussi une bonne nouvelle. L’expérience des trois dernières décennies montre qu’il est tout à fait possible de lutter contre la pauvreté. Celle-ci a diminué de moitié en à peine trente ans : 1 milliard d’habitants sont sortis de l’extrême pauvreté, avant que la pandémie de Covid-19 ne mette fin brutalement à ces progrès.
Contrairement aux idées reçues, la Chine n’est pas le seul pays où le nombre d’habitants vivant avec moins de 2 dollars (soit 1,89 euro) par jour a reculé. En Afrique, ils représentaient 41 % de la population en 2015 contre 54 % en 1990. De nouvelles solutions ont aussi fait leur apparition dans les domaines de l’éducation ou de la santé. A en croire la Fondation Bill & Melinda Gates, plusieurs d’entre elles sont simples et abordables, comme pour diminuer le taux de mortalité maternelle. Dans le monde, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Il est urgent de remettre le développement en haut de l’agenda international à un moment où les pays à bas et à moyen revenu viennent d’être percutés par trois crises successives. La pandémie de Covid-19, d’abord, qui a eu des effets dévastateurs sur l’éducation, entraînant retards d’apprentissage et déscolarisations. Depuis 2019, la vaccination des enfants a aussi connu la plus forte baisse en trois décennies, et les décès liés à la tuberculose et au paludisme ont augmenté par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.Ensuite, la guerre en Ukraine a augmenté l’insécurité alimentaire et le coût de la nourriture, obligeant les plus pauvres à sauter des repas ou à sacrifier les dépenses d’éducation ou de santé. Enfin, la hausse des taux d’intérêt dans les pays riches, destinée à lutter contre l’inflation, aggrave la crise de la dette des pays en développement et oblige nombre d’entre eux à sacrifier leurs dépenses sociales.
Dans un monde traversé de tensions géopolitiques, la lutte contre la pauvreté est l’un des rares sujets de consensus. Les pays en développement demandent certes des efforts financiers supplémentaires de la part des économies développées, mais ils veulent surtout que les engagements soient tenus. En 2022, l’aide publique au développement n’atteignait que 0,36 % du revenu national brut des pays riches, loin derrière l’objectif de 0,7 %. Son augmentation, cette année-là, a surtout bénéficié à l’accueil des réfugiés et à l’Ukraine. En 2022, les financements alloués à l’Afrique subsaharienne ont chuté de 7,8 %.
Les pays en développement veulent aussi être entendus. Les trois quarts des pays membres de l’ONU n’existaient pas encore quand est née, en 1944, la Banque mondiale. « Des réformes de la gouvernance mondiale et des institutions financières internationales sont urgentes », a rappelé, en septembre, Li Junhua, le secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations unies. Ces réformes seront justement discutées à Marrakech, du 9 au 15 octobre 2023, lors des assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Julien Bouissou, article publié le 10 octobre 2023 dans le journal Le Monde.