L’année écoulée a été traversée par plusieurs crises protéiformes, annoncées dès 2020 par divers signaux faibles (Éthiopie, Afghanistan, ...) et s’accompagnant, pour 2022, de risques sécuritaires pour les ressortissants étrangers présents sur place. En dépit de la persistance de conflits inter-étatiques (Haut-Karabakh notamment), les conflits asymétriques, largement concentrés sur le continent africain, demeurent
prééminents.
L’Afrique fait face à la descente progressive de la menace djihadiste vers le golfe de Guinée dans le contexte de la transformation de l’opération militaire française Barkhane. L’environnement géopolitique
et sécuritaire du continent est également marqué par la reprise du conflit ethno-politique au Tigré, en Ethiopie, depuis novembre dernier. En Afrique du Nord, le Maroc et l’Algérie ont rompu leurs relations diplomatiques le 24 août laissant craindre une intensification des tensions. Au Moyen-Orient, les partis de l'Alliance Fatah, associés à des milices chiites pro-Iran, ont été vaincus lors des élections législatives irakiennes (10 octobre), catalysant des mouvements de contestation portés par des factions pro-Téhéran.
Par ailleurs, la situation politico-sécuritaire est particulièrement tendue en Afghanistan depuis le retrait des troupes américaines (annoncé en mai 2021) et la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août dernier, exacerbant en outre, la menace terroriste en Asie du sud (Inde et Pakistan). Il convient également de noter la persistance d’un sentiment anti-français au Pakistan, émanant d’une frange rigoriste de la population. Enfin, depuis novembre dernier, une reprise des manifestations à caractère socio-politique est observée à Bangkok, en Thaïlande.
L’Europe demeure exposée à un risque latent d’attaques djihadistes et à
la menace grandissante posée par les mouvements extrémistes (de droite
et de gauche). Parallèlement, les tensions actuelles à la frontière polono-biélorusse témoignent de la fragilité du contexte géopolitique en Europe de l’est.
Enfin, l’Amérique latine est en proie à de persistants et profonds mouvements de contestation sociale, principalement en Colombie et au Chili et à l’activité de violentes organisations criminelles. À cet égard — et en dépit de l’accord de paix signé entre le gouvernement
colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016 — une résurgence de la violence a été observée en Colombie, principalement dans les régions frontalières du pays. Pour sa part, Haïti est gangréné par l’activité de gangs armés tirant parti de l’instabilité politico-sociale chronique, exacerbée par l’assassinat du
Président J. Moïse (7 juillet).
L’année 2022 sera marquée par plusieurs échéances électorales (notamment aux États-Unis, Brésil, Colombie, France, Liban, Philippines et Inde), susceptibles de catalyser des mouvements sociaux dans les centres urbains de nombreux pays. Une attention particulière devra être apportée au Golfe de Guinée, Mozambique, Libye, Maroc/Algérie, Afghanistan, Pakistan, Venezuela et Colombie eu égard aux signaux faibles identifiés et à leur potentiel déstabilisateur, tant à l’échelle nationale que régionale.